Situées rue Victor Hugo, face à la Place de la République, les Nouvelles Galeries ont très fortement marqué l’histoire du commerce castelroussin. Qui n’a pas passé des heures à déambuler dans les allées des 4 niveaux de ce temple du shopping ? De la maroquinerie au maquillage au rez de chaussée, en passant par l’habillement au 1er,
jusqu’à découvrir un univers plus culturel au 2e étage où on pouvait feuilleter des livres et écouter les « singles » des années 90. Sans oublier la supérette du sous-sol qui venait compléter l’offre, pour faire ses courses et ses achats de première nécessité. Retour sur l’histoire de l’évolution du « Grand Bazar » aux « Nouvelles Galeries ».
Les premiers pas du « Grand Bazar »
Tout commence avec la création du premier grand magasin de la ville. Adolphe-Henri Hardy s’installe au 25 rue Victor Hugo dans une immense boutique qu’il nomme le Grand Bazar. À l’époque, cet audacieux dirige déjà 96 magasins de cette enseigne sur le territoire national. Fort de son succès à Châteauroux, il décide de s’agrandir et ouvre une autre boutique en 1893, un peu plus loin dans la rue. La boutique fait l’angle de la rue Victor Hugo et de la rue de l’Hospice (aujourd’hui rue de la Poste) et offre une surface commerciale beaucoup plus vaste. La conception de cette nouvelle adresse du Grand Bazar trouve son inspiration dans les lignes architecturales des grands magasins parisiens qui connaissent alors un succès grandissant. Les Galeries Lafayette et les Nouvelles Galeries font alors fureur dans la capitale et se délocalisent dans les villes de province. C’est le cas à Châteauroux, où les « Grands Magasins des Nouvelles Galeries » s’installent durant l’année 1899, en lieu et place du Grand Bazar. Des travaux sont alors nécessaires et la réalisation est confiée à l’architecte Camille Létang qui réalise une façade harmonieuse composée de matériaux polychromes, de briques, de pierres et de métal. Les lignes sont élégantes et l’originalité de la façade se démarque des autres commerces. L’enseigne possède alors de grandes baies cintrées au niveau de l’entresol, qui s’ouvrent et se referment au gré des activités de la journée. Des décors et des inscriptions ornent les murs afin que l’enseigne attire la curiosité des passants et soit visible de l’autre coté de la place. Pour ce qui est de l’intérieur, le plus grand soin est accordé à la décoration. Le style art déco se révèle très marquant pour tout client qui pénètre dans le magasin pour la première fois. Au centre de l’édifice est installé un immense et bel escalier en bois vernissé qui permet d’accéder aux deux étages du magasin.
Le Grand Bazar – Les Nouvelles Galeries est fin prêt à accueillir les clients et à s’imposer dans le paysage commercial castelroussin comme la référence pour accéder aux produits nouveaux. Ce commerce met à la disposition du client tout ce dont il a besoin, à faible marge, et chaque article porte désormais une étiquette avec un prix définitif. Cela permet de mettre fin à la pratique du marchandage encore très utilisée à la fin du XIXe siècle.
Naissance d’un commerce nouveau
En 1899, l’ouverture du Grand Bazar – Nouvelles Galeries, crée l’événement ! Dans ce grand magasin, une nouveauté séduit particulièrement, il s’agit de la liberté de circulation des clients. L’entrée est « libre » et l’on peut s’y promener « comme chez soi ».
Durant une trentaine d’années, le Grand-Bazar – Nouvelles Galeries offre aux castelroussins de quoi s’approvisionner en toutes saisons et avec une variété de produits sans cesse renouvelés.
Les heures de gloire des Nouvelles galeries
En 1934, les Nouvelles Galeries s’offrent un relooking dans le but de satisfaire une clientèle de plus en plus nombreuse. L’entreprise Brochard d’Angers transforme la façade pour créer un véritable contraste avec la précédente. Le temps n’est plus aux courbes et à la couleur, mais à la géométrie avec des fenêtres rectangulaires. Les balcons circulaires de l’intérieur sont supprimés et on agrandit le magasin sur la rue de la Poste.
Dans les années 1960, l’affluence toujours plus forte impose de s’adapter et de remodeler. Le sous-sol est aménagé en nouvel espace de vente dédié à l’alimentation.
En 1964, une figure locale, devenue célèbre, tient son premier rôle en endossant le costume du père noël. C’est dans le hall central des Nouvelles Galeries que Gérard Depardieu fait ses premiers pas d’acteur.
En 1967-1968, la façade est une nouvelle fois rénovée par la pose du vitrage émaillé bleu que bon nombre d’entre nous ont encore en mémoire puisqu’il est resté présent jusqu’en 2008. Le deuxième étage est ouvert à la clientèle en 1988.
En 1992, le groupe Nouvelles Galeries est racheté par les Galeries Lafayette avec le slogan : « Un nouveau groupe pour une nouvelle histoire ! » Un rachat qui amorce déjà la fin progressive du magasin le plus prisé de Châteauroux.
La fin d’un temple du commerce
En avril 2004, le groupe Lafayette fait une annonce au retentissement à peine croyable : « les magasins les moins rentables du groupe vont être fermés ». Les Nouvelles Galeries de Châteauroux font partie de cette macabre liste et la fermeture définitive est prononcée le 25 juin 2005.Les portes se referment alors sur 110 ans d’histoire. Après une vacance de plusieurs années, le bâtiment est racheté par le groupe Buildinvest et restructuré pour accueillir un complexe commercial et immobilier.
La Cour du Capitole : vers une nouvelle histoire
Après un vaste chantier de plusieurs mois, un complexe commercial et immobilier voir le jour. Il offre plusieurs magasins au rez-de-chaussée et premier étage, des appartements occupent les 2e et 3e niveaux. La façade a été épurée pour propulser le bâtiment dans une nouvelle ère pour une nouvelle histoire. »La Cour du Capitole », comme elle est dénommée, regroupe aujourd’hui une dizaine de surfaces commerciales, dont une locomotive commerciale très appréciée par les habitants et 46 appartements de standing.
Aujourd’hui encore, il n’est pas rare d’entendre castelroussins et indriens évoquer le nom des Nouvelles Galeries pour localiser cet espace. Vous avez dit nostalgie ? La nostalgie du Grand bazar où l’on trouve de tout à tous les prix, le temps des Galeries, haut lieu de la mode, est encore très cher aux locaux. Un autre temps est engagé, mais l’empreinte laissée par ces lieux est encrée dans la mémoire collective.
Sources :
Bernard Daniel, Châteauroux, Regards Croisés, Alan Sutton, 2007.
Bernard Daniel, Tournaire Jacques, 1900. Châteauroux au temps des fiacres, Lucien Souny, 1987. Les Amis du Vieux Châteauroux, Petite Histoire de la rue Victor-Hugo, 2007. Méry-Barnabé Christine, Mémoire en Image, Châteauroux, Tome II (1945-1975), Alan Sutton, 2004.