Après plus de 20 ans dans un groupe de BTP en tant que responsable marché, Christelle Loth a décidé de changer de vie ! À quarante ans elle reprend le chemin de l’école et se forme pour devenir artisan tapissier d’ameublement. Installée depuis 2017 à Brives, elle déshabille et habille fauteuils et canapés anciens pour leur donner une nouvelle vie.
POURQUOI AVEZ VOUS CHOISI CET UNIVERS ?
Je ne sais pas vraiment expliquer ce choix. Lorsque j’étais étudiante j’achetais des fauteuils et canapés anciens dans les hôtels des ventes en me disant que j’en ferais quelque chose un jour sur le plan professionnel. Toujours à l’époque de mes études j’habitais à côté d’un tapissier et je regardais discrètement à l’intérieur de son atelier. J’aimais son univers, ses outils et l’ambiance qui se dégageait me plaisait. Lorsque j’ai eu envie de changer de métier, cette idée a germé comme une évidence !
COMMENT S’EST PASSÉE VOTRE RECONVERSION ?
Après plus de 20 ans passées dans le BTP, j’avais envie de passer à autre chose. Une rupture conventionnelle m’a offert l’opportunité de faire une reconversion professionnelle dans de bonnes conditions. J’ai été rapidement prise en charge par Pôle emploi et accompagnée dans mes démarches. J’ai réalisé une étude de marché et monté un dossier pour porter mon projet. Mon dossier étant accepté par la Région, je me suis inscrite à l’APFA de Chartres pour suivre une formation en alternance de tapissier d’ameublement. Pendant 9 mois j’ai suivi cours théoriques et formation pratique chez un compagnon du devoir à Reuilly.
Une fois diplômée j’ai démarré mon activité en intégrant la Pépinière Locale d’Entreprise Solidaire à Châteauroux. Cette formule m’a permis de développer mon réseau d’artisan et de tisser de nombreux partenariats.
En octobre 2017 je décide de voler de mes propres ailes et m’installe à mon compte après avoir suivi le stage de préparation à l’installation à la CMA.
EN QUOI CONSISTE VOTRE MÉTIER ?
Je restaure des assises anciennes et de belle qualité. Je commence par faire un diagnostic de la pièce, je regarde les bois, les garnitures, les tissus afin d’analyser les travaux et l’intérêt de la rénovation. Cette première étape me permet d’orienter le propriétaire. Il arrive parfois que je conseille d’acheter un nouveau meuble.
Ensuite, j’interroge le client sur ses attentes en terme de confort et de garniture. Je lui montre les mousses et lui fais essayer les assises. Au terme du premier rendez-vous le client a déjà une approche du budget global. Je lui propose un devis détaillé en fonction des choix de tissus et des finitions (cloutage, gallon ou passementerie). Une fois le devis accepté, je dégarnis la pièce avec des outils spécialisés pour arriver à la carcasse nue.
Si besoin je fais appel à un ébéniste pour réparer la structure. Je travaille avec Hervé Rolland d’Art bois concept. Nous avons un vrai partenariat. Je ne vois pas comment travailler sans ébéniste.Je nettoie les bois puis les vernis, les peint ou les céruse. En fonction des besoins je refais la garniture à l’identique ou de façon plus moderne. Je me suis spécialisée sur le garnissage contemporain ; je travaille avec des mousses à haute résilience. Enfin je recouvre le fauteuil avec le tissu choisi par le client et réalise les finitions.
QUEL DÉLAI FAUT-IL COMPTER ?
J’essaie de gérer mon planning pour pouvoir répondre aux demandes dans un délai que j’estime raisonnable. En général il faut compter un mois et cela ne dépasse pas trois mois. Lorsque mes clients se décident ils n’ont pas envie d’attendre alors je m’efforce de répondre à leur souhait.
QUELS SONT VOS TARIFS ?
Je ne communique pas de prix car je fais du sur-mesure ! En revanche, je remets un devis très détaillé sur lequel le tarif est calculé selon mon coût horaire et en fonction des prestations et des matériaux fournis.
On n’est pas tapissier au bout de trois ans, on apprend en permanence…
QUEL BILAN FAÎTES VOUS APRÈS TROIS ANNÉES ?
J’ai tiré un trait sur mon ancienne vie professionnelle et ne regrette pas mon choix. Le bilan est très positif. Je suis épanouie dans mon nouvel environnement et mon activité ne cesse d’évoluer depuis le départ. J’ai trouvé mon rythme de travail et me suis entourée de partenaires précieux. J’ai de très bons retours de mes clients et ils sont mes meilleurs ambassadeurs. Ce métier très polyvalent m’a permis de faire de belles rencontres. J’ai tissé de vrais liens avec mes partenaires mais aussi avec quelques clients. Et puis, je ne suis pas toute seule car je suis toujours en contact avec mon ancien maître de stage et mon formateur qui m’aident quand j’ai besoin. C’est le principe du compagnon qui continue sa transmission.